L’histoire de Saint-Gaudens

Saint-Gaudens - La collégiale

Située à proximité de la voie romaine reliant Dax à Toulouse, la présence d’une communauté d’habitants depuis la plus haute Antiquité est attestée en particulier par la découverte d’épigraphies et de vestiges « gallo-romains » dans la ville basse au lieudit le « Pouech » et sur la ville haute près de la Collégiale.

Le nom initial de la Ville semble provenir de la présence, dans les premiers siècles de notre ère, d’un vaste domaine rural appelé Mansus qui par déclinaison a donné le Mas. Ce nom fut complété lors de la christianisation du Comminges pour devenir « Mas Saint-Pierre ».

Au Vème siècle, les Wisigoths, qui occupaient l’Aquitaine, vinrent persécuter les chrétiens en Comminges. Gaudens, jeune berger qui gardait un troupeau au lieudit La Caoue, refusant d’abjurer sa foi chrétienne, eut la tête tranchée. Selon la légende, le jeune berger se relevant, prit sa tête entre ses mains, courut jusqu’au Mas Saint-Pierre et se réfugia dans l’église dont les portes se refermèrent aussitôt derrière lui. Les fidèles recueillirent alors son corps puis conservèrent ses ossements et ceux de sa mère Quitterie.

L’importance de la vénération pour ce jeune martyr amena un changement du nom de la Villeà? : Saint-Gaudens. Sanctification populaire, confirmée en 1309 par le Pape Clément V ancien évèque de Comminges.

Dans la première moitié du XIème siècle, un évèque de Comminges nommé Bernard, confère le titre de chanoine aux membres de la communauté de religieux existante dans la ville et leur donne une église dont il a commencé la construction et qui ne sera achevée qu’à la fin du XIIème siècle. C’est notre Eglise-Collégiale actuelle. Le cloître de la fin du XIIème siècle sera remanié au XIIIème et XIVème siècle.

Au XIIème siècle, naquit dans notre ville Saint-Raymond (+ 1163), moine cistercien. Il fonda, en 1158 en Espagne lors de la « reconquète » sur les Maures, l’ordre militaire et religieux de Calatrava.

En 1202, le Comte de Comminges Bernard IV voulut savoir les coutumes qui existaient entre ses ancètres et la Ville. Il les fit consigner et compléter dans un document unique appelé « la Grande Charte de Saint-Gaudens ». Ce texte, confirmé par tous les seigneurs successifs de la Ville (dont nous possédons une copie « un vidimus » sur parchemin de 1345), régla pratiquement sans grand changement la vie municipale, fiscale, juridique et judiciaire des habitants de la Cité jusqu’en 1789. Et mème au-delà puisque les marchés se tiennent aujourd’hui encore le jeudi tel qu’indiqué dans la charte.

La Ville fut administrée par un Conseil composé de 16 membres puis de 24 appelés « Proshomes » qui élisaient annuellement des Consuls, sorte d’exécutif du Conseil.

Les armes de la Ville portent une « cloche d’argent à battant d’or sur fond d’azur », symbole des libertés communales.

D’abord possession des Comtes de Comminges, Saint-Gaudens passa en 1258, avec d’autres territoires du Comminges, aux mains de Gaston VII de Béarn, suite à une guerre successorale générée par Pétronille de Bigorre, fille légitime du Comte Bernard IV de Comminges.

A la suite d’un accord définitif de 1270 relatif à ce conflit, Saint-Gaudens devint la capitale de la Vicomté de « Nébouzan » faisant partie du domaine de la maison de Foix-Béarn puis du domaine royal de Navarre. Ce qui amena comme seigneurs illustres de Saint-Gaudens Gaston Pheobus et Henri IV, qui apporta tous ses domaines au royaume de France en 1607.

Les Etats du pays de Nébouzan se tenaient tous les ans, à Saint-Gaudens, dans l’antique hôtel de Ville qui se trouvait à l’emplacement de l’actuel musée municipal.

A cette mème époque, l’habitat de la ville resta cantonné à l’intérieur d’un étroit périmètre fermé par des remparts de galets, traversé par une seule voie d’ouest en est passant par la place du marché, actuelle place Jean-Jaurès au pied de la Collégiale. Au cours des siècles, une extension de l’habitat, toujours protégé par des remparts, se réalisa au nord du cÅ“ur initial de la ville. Deux portes principales donnaient accès à l’intérieur de la cité. A l’ouest, la porte du Barry avec un petit pont enjambant les fossés (début de la rue Victor-Hugo) et, côté Toulouse, la porte de la Trinité (extrémité de la rue de la République).

Deux portes secondaires ouvraient au nord, une porte au sud. Cette configuration demeura jusqu’à la fin du XVIIIème siècle.

A l’intérieur de la ville, les hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, établis au XIIème siècle, accueillirent les pèlerins et soignèrent les malades. Après la « guerre des Albigeois » pour combattre l’hérésie Cathare, un couvent de Jacobins fut fondé en 1293 à proximité de l’enceinte de la ville « hors les murs ».

Au cours des guerres de religions, le 2 aoùt 1569, les huguenots menés par le Comte de Montgommery, pillèrent la ville, saccagèrent la Collégiale, ses archives ainsi que le couvent des jacobins. Une partie des reliques du jeune martyr Saint-Gaudens put être sauvée.

Au sortir de ces décennies troublées, Saint-Gaudens retrouva, dans la deuxième moitié du XVIIème siècle, un nouveau développement commercial et administratif avec l’installation de la maîtrise particulière des eaux et forêts, l’Inspection des Manufactures etc. Le négoce du textile local dit « Cadis et razé » ainsi que le marché hebdomadaire qui drainait le produit des diverses activités agricoles des petites vallées des Pyrénées centrales, redevinrent florissants.

Le XVIIIème siècle, sous l’impulsion des intendants d’Auch, conforta ce développement économique et territorial avec la réalisation de grands axes routiers qui existent encore. Un subdélégué de l’Intendant d’Auch est ainsi nommé à Saint-Gaudens.

Les fossés médiévaux qui entouraient la ville sont peu à peu comblés et vendus ce qui permit une extension des immeubles avec jardins et la réalisation de beaux hôtels particuliers dont la construction ou la reconstruction se poursuivit jusqu’au milieu du XIXème siècle, particulièrement le long de la promenade du Midi (Boulevard Bepmale).

On ne trouva, en cette période fin XVIIIème, en dehors du périmètre initial des remparts, que peu d’habitat sauf dans les quartiers de la plaine dit du « Pouech » et « Sainte-Anne » ainsi que quatre établissements notablesà? : le couvent des religieuses de Notre-Dame (Collège Didier Daurat) fondé en 1642, le Séminaire (Collège Leclerc) touchant la Maison de l’Evèque (la Sous-Préfecture), le Couvent des Jacobins (aujourd’hui démoli).

Et la Révolution s’installa. Le 26 juillet 1789, les trois ordres du Nébouzan se réunirent au palais communal de Saint-Gaudens pour la préparation des Etats Généraux du Comminges. En mai 1791, commencèrent les aliénations à l’origine de la disparition des trois communautés religieuses de Saint-Gaudens. L’évèché fut abandonné. Les chapelles de la Caoue, de Sainte-Anne et de la Serre de Cazaux furent démolies sur ordre du district. La collégiale servit de prison aux 500 prisonniers issus de l’insurrection royaliste défaite à Montréjeau le 21 août 1799. Saint-Gaudens prit la tête d’un arrondissement lorsque ces derniers remplacèrent les districts. L’Empereur Napoléon affecte à la Sous-Préfecture les bâtiments de l’ancien évèché.

Le Saint-Gaudinois Armand Marrast naquit en 1801. Il fut maire de Paris en 1848, élu conseiller général la même année et Président de l’Assemblée Nationale Constituante en 1849.
Commença alors la révolution économique avec, à l’échelon local, diverses activités liées au tissage, à l’élevage, aux mines et aux carrières. Ce fut également durant cette période que se créa la célèbre fabrique des porcelaines « de Valentine » dont le musée de Saint-Gaudens conserve des pièces marquantes à décoration luxuriante.
En 1874, le gouvernement proposa à la ville d’accueillir le 2ème bataillon du 83ème Régiment d’Infanterie ce qui ajouta au rayonnement de notre ville et contribua à un grand développement démographique.

En matière d’urbanisme, le mouvement de renouveau du siècle précédent se poursuivit par la conquête de nouveaux espaces autour de la vieille ville. Cela permit l’édification de bâtiments structurants tels que le marché, l’hôpital, le tribunal. Il faut souligner en la matière l’importance de l’action de Jean Bepmale qui fut le premier magistrat de la ville pendant trente-sept ans, de 1884 à 1921. Il donna à la ville sa configuration actuelle en créant notamment un boulevard périphérique.

Le Grand Prix automobile du Comminges est lancé en 1925 par Eugène Azémar. En 1932, un monument à la gloire d’Augustus Saint-Gaudens, le « Â Rodin américain », d’origine Aspétoise, est installé devant les escaliers monumentaux. Il sera enlevé par les Allemands pendant l’occupation.

En 1951, le monument à la gloire des « Trois Maréchaux& »est inauguré par Vincent Auriol. La Cellulose d’Aquitaine, usine de pâte à papier, s’installe à Saint-Gaudens et sera source d’emplois jusqu’à nos jours. En 1996, la création de l’autoroute désengorge la cité du flux de véhicules qui la traversaient.

Saint-Gaudens, continue son histoire et aborde le troisième millénaire, riche de ces siècles passés.